Traité de Rythme, de Couleur et d'Ornithologie 2

« Ce fut une sorte de soleil qui illuminait la musique, celle du passé comme celle du futur, d’un éclairage généreux et plein d’amour, comme ces arcs-en-ciel de vitraux sonores qu’il chérissait. » – tel est le souvenir ému que Xenakis a conservé de l’enseignement d’Olivier Messiaen (1908-1992) au Conservatoire de Paris, où celui-ci fut professeur entre 1941 et 1978, formant l’élite de l’avant-garde européenne (Boulez, Stockhausen, Amy, Levinas, Murail ...).

Cette soif de transmission se retrouve intacte dans ce qu’il faut bien nommer l’œuvre d’une vie : le Traité de rythme, de couleur et d'ornithologie, qui regroupe l’ensemble de ses recherches théoriques et analytiques depuis 1949 jusqu’à sa mort. C’est à la veuve du compositeur, Yvonne Loriod, que revient le mérite d’avoir remis en ordre cette somme, respectant le plan en sept tomes prévu par l’auteur.

Publié en 1995 chez Leduc, le 2e volume transporte le lecteur ébloui dans « des contrées merveilleuses, imaginaires, inconnues de la tradition académique » (Alain Louvier) : les rythmes non-rétrogradables (deux groupes rythmiques symétriques autour d’une partie centrale), les développements par élimination, interpolations, canons et pédales rythmiques constituent autant de techniques que Messiaen rend limpides.

On y trouve aussi des morceaux de choix : les célèbres analyses consacrées au Sacre du Printemps de Strawinsky et à sa propre Turangalîla-Symphonie. Conçu par un esprit universel, curieux de tout, ce traité exhale un souffle d’absolu.